Gigaton – Pearl Jam

Gigaton – Pearl Jam

27 mars 2020 – Grunge

5/10

Il aura fallu patienter sept ans après Lightning Bolt pour que Pearl Jam revienne sur le devant de la scène. Sept ans sans nouvelles avant de voir arriver Gigaton, onzième disque du groupe, album attendu par les fans des Américains, mais aussi les amateurs de rock. Pearl Jam, c’est un rock brut, des guitares à l’honneur, des rythmes vifs et entraînants. On ne s’ennuie pas durant l’écoute d’une nouvelle proposition du groupe de Seattle. Flirtant avec le grunge lors de son début de carrière qu’en est-il maintenant avec ce onzième disque, Gigaton ? La réponse est plus complexe qu’il n’y parait. Oscillant entre compositions fracassantes nous faisant hocher de la tête, mais aussi, ennui profond, Pearl Jam présente deux facettes, qui façonnent les deux parties de ce onzième effort du quintette.

Gigaton fait preuve d’une véritable dualité dans son contenu. Il y a clairement deux phases distinctes dans cette galette, comme si Pearl Jam n’avait pas forcément enregistré les pistes aux mêmes moments. Il y a une fracture interne dans cet album, impossible à comprendre et à appréhender malgré de nombreuses écoutes de ce onzième CD du groupe de Seattle. La première partie de Gigaton se révèle rythmée, entêtante et surtout réussie. Les guitares rugissent comme au bon vieux temps, la batterie bat le rythme sans discontinuer et les lignes de basses sont particulièrement intéressantes. L’enchainement Who Ever Said, Superblood Wolfmoon et Dance Of The Clairvoyants marche à la perfection. Il n’y a pas de temps mort, pas de possibilité de s’ennuyer. Chaque morceau a son identité et ses caractéristiques. Who Ever Said monte en puissance crescendo, Superblood Wolfmoon attaque tambour battant et laisse la guitare prendre le dessus à travers un solo de très bonne qualité. Enfin Dance Of The Clairvoyants débute plus timidement au niveau du rythme, mais fait apparaître une basse de toute beauté à travers une ligne parfaitement bien sentie et maîtrisée. Il s’agit clairement du meilleur jeu de basse de l’album et de très loin. Le titre est dansant, enivrant et nous gagne au fur et à mesure. Le premier single de Gigaton est efficace, mais affiche surtout les qualités de ce onzième disque de Pearl Jam.

Puis les chansons s’enchaînent, les bonnes idées s’essoufflent. Les fulgurances se font plus rares. Quelques solos de guitare sympathiques sont à sortir du lot comme sur Quick Escape, Never Destination ou Buckle Up, composition plus calme laissant une place primordiale à la guitare. Le début d’album marque l’auditeur, mais la pression retombe immédiatement et une certaine monotonie prend le dessus jusqu’à la dixième piste de Gigaton. Ensuite c’est une véritable léthargie qui nous frappe. Pearl Jam enchaîne trois titres aux rythmes très lents, sans montée, sans rugissements, sans éclats. Il y a déjà une alerte plus tôt avec Alright, morceau plat, où l’on retrouve un sample, la voix d’Eddie Verder et un piano. Il n’y a rien de plus. La composition est poussive même si les refrains réveillent quelque peu. Mais le tout retombe aussi vite. C’est faible, mais ce n’est qu’un début. La fin de l’album est un long chemin au bout de l’ennui. Musicalement cela ne crée rien, les rythmes sont très lents et se ressemblent sur les trois chansons. Il n’y a pas d’évolution, pas de variation, pas d’inventivité. En écoutant Come Then Goes, Retrograde et River Cross, l’impression de ne plus avoir le même groupe dans les oreilles est frappante. Il y a deux Pearl Jam dans ce disque : un particulièrement intéressant et l’autre monotone.

Gigaton apparaît comme une interrogation, sans cesse tiraillée entre deux faces totalement opposées de Pearl Jam. Le début de l’album est un véritable plaidoyer au rock, brut, agressif qui fait la marque de fabrique du quintette de Seattle. La conclusion scelle le changement de cap, déjà aperçu à partir d’Alright, d’un groupe fatigué à la recherche d’un second souffle. Les trois titres qui terminent ce disque sont en trop et cassent le plaisir que l’on a, de retrouver Pearl Jam. Sans être mauvais, Gigaton ne reste qu’un effort moyen des Américains, oscillant entre l’excellent sur les trois premières compositions, mais aussi le poussif et l’anecdotique des trois dernières pistes.

Les +

  • Un début d’album intéressant : vif, explosif et rythmé.
  • La basse de Dance Of The Clairvoyants.

Les –

  • Les morceaux calmes
  • Une fin d’album clairement en-dessous : ennuyante, répétitive et sans idée.

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