The New Abnormal – The Strokes

10 avril 2020 – Alternative Rock

Critique

5/10

En 2001, un groupe de cinq new-yorkais donnait un énième espoir dans le renouveau du rock. Is This It? révolutionnait tout et les Strokes étaient lancés sur la scène mondiale. Deux ans plus tard, Room On Fire confirme l’engouement et First Impressions Of Earth apparaît comme le parfait bilan de cette première période du quintette de Julian Casablancas. La première partie de carrière des Américains est un sans faute. Mais depuis 2011, la donne n’est plus la même. Chacun vaque à ses projets personnels et se réunit pour des albums dispensables. The New Abnormal, après sept ans d’absence, et le très décevant Comedown Machine apparaît être un véritable défi pour le groupe new-yorkais. Le moins que l’on puisse dire, c’est que rarement un disque aura divisé les auditeurs et la presse musicale.

Depuis 2013, de l’eau a coulé sous les ponts. Julian Casablancas s’épanouit avec The Voidz, Albert Hammond Jr. a produit de son côté deux albums intéressants (Momentary Masters ; Francis Trouble), Nick Valensi a créé le groupe CRX, Fabrizio Moretti participe a de nombreux projets et Nikolai Fraiture s’est lancé dans l’aventure avec le quatuor Summer Moon. Les cinq membres ont vaqué à leurs occupations et ce retour après sept ans est une réelle interrogation pour tout le monde. Ne vous attendez pas à un retour aux sources. Il s’agit d’un sixième album dans la continuité d’Angles et Comedown Machine : des fulgurances géniales, mais aussi des ratés incompréhensibles. Tout cela peut être résumé grâce aux deux premiers singles publiés en février. At The Door, première composition dévoilée, reflète la mauvaise face du groupe : un morceau ennuyeux, lent et peu intéressant musicalement. On y retrouve ce que les Strokes ne cessent de multiplier au cours de ces derniers albums : une chanson plate, sans batterie comparable à Call Me Back présente sur Angles ou Call It Fate, Call It Karma sur Comedown Machine. Le tout est lassant. Au contraire, le second single, Bad Decisions rappelle les belles heures des New-Yorkais. Un riff de guitare accrocheur, un rythme rapide et enthousiasmant. Le titre reste en tête et Casablancas s’impose grâce à cette voix tiraillée qui nous manquait.

Tout l’album peut se résumer aux deux premiers singles. Le très bon se trouve dans l’introduction The Adults Are Talking qui lance à merveille The New Abnormal. La guitare guide le morceau, accompagné d’une basse emballante. La seule déception se ressent dans la voix de Julian Casablancas, beaucoup trop haut perché durant les refrains. Exit la voix raillée, bonjour les montées saugrenues et improbables. Cette remarque arrive à de nombreuses reprises durant les quarante-cinq minutes de cette composition : Selfless ou encore Eternal Summer. Le premier n’est pas mauvais, car le rythme du morceau et les qualités musicales sont présents. La guitare apporte un vrai plus. Mais le deuxième nommé est en plus très long inutilement. Même si elle se développe et propose des choses nouvelles durant les six minutes, il n’y a pas un fil conducteur intéressant. C’est à partir de ce morceau que l’album perd en qualité, car les trois dernières chansons se ressemblent. Il n’y a pas d’innovations et de changements dans ces compositions qui ne restent pas en tête. Malgré de nombreuses écoutes, il n’y a rien de marquant. Il se révèle donc au fil du temps ennuyeux. Sur les neuf morceaux, on peut en enlever cinq ou six selon ses affinités musicales.

Ce nouvel album des Strokes est simplement moyen. Rien de plus, rien de moins. Julian Casablancas influence beaucoup trop les travaux du groupe. The New Abnormal pourrait être un disque solo du chanteur à quelques exceptions près. Et c’est bien cela ou cet album est difficile à juger, car il pourrait être une composition qu’on attribuerait à Julian Casablancas sans s’en rendre compte. The New Abnormal n’est pas le messie tant désiré, il n’est qu’une suite logique d’Angles et de Comedown Machine : une déception supplémentaire avant l’attente d’un futur meilleur.

La note :

⭐⭐⭐⭐⭐

Note : 5 sur 10.

Les +

• The Adults Are Talking
• Bad Decisions

Les –

• La voix de Julian Casablancas
• Ennuyeux à certains moments
• Un album trop influencé par Julian Casablancas